vendredi 14 juin 2013

♪ 10 : la terreur psychédélique et minimaliste des bouseux industriels d'avant-garde

Dernièrement, j’ai écouté :

The Terror des Flaming Lips — un album psychédélique et insidieux. Un trip avec un son que j’aurais envie de qualifier de cool, même d’électrique par moments, mais qui ne transmet que trop bien par sa fausse indolence un sentiment d’anxiété et de malaise… Le son de ce disque est assez unique à ma connaissance. Pas tout à fait aussi bon qu’Embryonic, leur disque précédent (qui était assez incroyable, une sorte de rock psychédélique vraiment barré qui dépasse les frontières de son genre et où Wayne Coyne semble expliquer sa vision de l’univers), mais la comparaison n’a pas vraiment lieu d’être : The Terror est complètement différent et très réussi à sa manière.

À écouter du début à la fin, les pistes peuvent difficilement se séparer. À la fin, vous risquez de frôler la déprime, mais si vous êtes comme moi, vous en redemanderez quand même !

(Évitez le CD 3” bonus, très dispensable et qui ne colle pas du tout à l’atmosphère de l’album.)


Henry Flynt est un philosophe, artiste et musicien qui a voulu inventer une « nouvelle musique ethnique américaine » inspirée à la fois des musiques traditionnelles des États-Unis et des expérimentations minimalistes de La Monte Young (et consorts). “Avant-garde hillbilly music” : un pont jeté entre deux milieux culturels qui ne semblent pas avoir grand chose en commun, mais qui fonctionne !

Ça a donné notamment le dyptique You Are My Everlovin' / Celestial Power, deux pistes de trois quarts d'heure chacune : du drone aux accents très folk, très ruraux, qui peut rappeler étrangement des musiques traditionnelles d’autres pays (… ou alors c’est juste moi).

Évidemment, il faut aimer les drones : oreilles impatientes s'abstenir ! Mais jetez-y au moins une oreille, c'est intéressant.



Bondage Woman (ou Bondage Women selon les éditions) d’Anna Gardeck est un remarquable album de death industrial : une musique entre l’industriel et la noise music, soit un son très sombre, une intensité primaire qui s’exprime par des textures plutôt que des mélodies. Il y a des rythmes là-dedans quand même, et une atmosphère forte, parfois oppressante, impressionnante, de grandes machines terribles et sublimes… Des extraits de musiques qui n’ont rien à voir (classique, new age) viennent contraster avec les déferlantes de bruits à plusieurs occasions, aussi. Je préfère les passages où l’on n’entend que le bruit, irréprochables.

Les titres et la pochette sont d’inspiration (même plus que « d’inspiration », d’ailleurs) fétichiste… Je ne sais pas du tout si c’est censé se retrouver dans la musique aussi. Bondage Woman m’apparaît comme tout sauf une musique sensuelle ou évocatrice d’une quelconque sexualité, mais qui sait ? Peut-être que ça l’est pour une fétichiste.

En tout cas je ne peux que recommander cet album, hélas le seul qu’ait jamais sorti Anna Gardeck.


Two Solo Pieces de Jon Gibson est un de mes nouveaux disques minimalistes préférés. Je ne vais pas m’aventurer à essayer de décrire cette musique en détail, et encore moins de l’analyser, j’en serais incapable — je dirai juste que la première piste, “Cycles”, comporte vingt-trois minutes de drones d’orgue qui évoluent très lentement entre harmonies et dissonances (plus calme et moins hypnotique que les compositions similaires de Charlemagne Palestine), et que les quatre pistes suivantes (sur l’édition CD) deviennent progressivement de plus en plus « mélodiques », pour arriver à la magnifique “Song 1”, l’une de mes compositions préférées du genre.

La seule chose que je reproche à ce disque, c’est la deuxième piste à la flûte alto, jolie mais qui traîne en longueur.



Vu que j’aime le minimalisme et les drones en général, et qu’Eleh a dédicacé plusieurs de ses disques à des pointures que j’aime beaucoup comme Éliane Radigue ou Charlemagne Palestine, j’ai voulu écouter Floating Frequencies/Intuitive Synthesis

Mais je crois que là, j’atteins mes limites. C’est tellement minimaliste que les sillons des éditions vinyle, à ce qu’il paraît, dessinent des motifs réguliers visibles sur la surface des disques. C’est tellement minimaliste que je n’arrive pas à savoir si j’aime un peu Eleh ou pas du tout, ni même s’il m’intéresse. C’est presque comme écouter du silence, ou regarder une toile abstraite qui… qui représenterait cette pochette, en fait, sans le dessus : un cercle blanc sur fond noir. Rien de plus.



Enfin, The Unacceptable Face of Freedom de Test Dept. est l’album que je ferai dorénavant écouter à quiconque me demandera ce que c’est que la musique industrielle.

(Pas que ça risque d’arriver très souvent, vous me direz.)

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