mercredi 23 novembre 2016

(⚆)


Parfois, je me dis que le but n° 1 de ma vie est de me cacher. Et que le n° 2 est de rendre ma cachette la plus douillette possible.

Sans aller jusqu'à l'isolement, tout le monde a besoin de bulles déformantes où se réfugier et à travers lesquelles voir le monde — la musique, le confort matériel, nos proches et leurs opinions, la foi en qu(o)i que ce soit, une vision philosophique ou politique des choses… Et quand certaines éclatent, quand la musique ne m'atteint plus, quand les autres ne peuvent pas aider, c'est comme si ça me brûlait. Avec une sensation de lucidité qui n'arrange pas les choses. Le monde a quelque chose d'inhumain, d'insupportable, et s'en rendre compte uniquement quand ça va mal n'aide pas vraiment.

Parfois, même à travers notre propre vision déformée, il est impossible de ne pas voir que certaines bulles sont presque opaques, trop réduites, monstrueusement difformes, ou même qu'elles empoisonnent — difficile alors de ne pas avoir envie de les crever. En général, ce sont celles des autres… Et là où ça commence à aller mal, c'est quand on veut imposer sa propre bulle à tout le monde. On a eu ça tout le long de l'histoire de l'humanité, et j'ai l'impression qu'on le voit de plus en plus ces derniers temps. Des personnes détestables qui croient être les seules à y voir clair, trop confiantes en elles, si sûres de la justesse de leur difformité. Ça me rend compte à quel point il est important d'essayer, au moins, de se mettre à la place d'autrui.

Mais souvent, ce que je trouve me donne encore plus envie de m'en éloigner.

Cf. par exemple “Bulles de filtrage : Il y a 58 millions d’électeurs pro-Trump et je n’en ai vu aucun”, “I’m a Coastal Elite From the Midwest: The Real Bubble is Rural America” et la parodie inverse de Saturday Night Live, “The Bubble”, tout ce qui touche à la religion…

Il doit quand même y avoir un équilibre à trouver quelque part ?

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