jeudi 11 septembre 2014

Si (1)


Si je pouvais colorier le ciel, je le rendrais violet. Mais juste pendant trois ou quatre heures au coucher du soleil, un seul jour pendant l'année, sinon on s'en lasserait. Ce serait une nouvelle fête : le jour du violet ! On célébrerait ça en s'habillant en violet et en priant aux esprits du violet. J'aime bien le violet.

Si je pouvais communiquer avec des extraterrestres, je ne pense pas que je le ferais. Je préférerais les laisser tranquilles. S'ils me remarquaient, je leur dirais par politesse « Bonne journée ! Excusez-nous, c'est vraiment le bordel ici. Ne regardez pas notre planète de trop près s'il vous plaît. »

Si je pouvais, je rallongerais la durée de chaque jour de deux heures. Mais seulement à condition que ces heures soient utilisées pour dormir et se reposer.

Si j'étais un robot, ça m'embêterait un peu de ne pas pouvoir prouver que j'ai une conscience. Je ne sais pas si les gens m'accorderaient le bénéfice du doute ou pas.

Si une tasse de café apparaissait par magie devant moi, je ne saurais pas quoi en faire vu que je n'aime pas le café. Je pense que je devrais aller la proposer à quelqu'un d'autre. D'un autre côté, la provenance magique inconnue de ce café ne m'inspirerait pas confiance. En fait, l'apparition par magie d'une tasse de café ou de quoi que ce soit d'autre serait terriblement angoissante : cela signifierait que des choses peuvent arriver sans aucune cause apparente ni explication. Ça pourrait finir par ressembler à une fin du monde possible, au règne du chaos total. Peut-être que ça m'angoisserait tellement que je me convaincrais moi-même que « j'ai dû rêver » pour ne pas perdre la tête. Et que je viderais la tasse de café dans l'évier. Foutu café magique maudit.

Si j'étais riche, que j'avais du talent et que je n'avais pas peur des gens, j'installerais une boutique-atelier d'objets inutiles et artistiques. J'y ferais, j'y exposerais et j'y vendrais des objets inutiles et artistiques — ceux que j'aurais fait et ceux d'autres personnes aussi. Et puis, au bout d'un moment, ça m'ennuierait alors j'arrêterais et je ferais autre chose. Par exemple, une balade en forêt. Puis je ramènerais un peu de forêt dans la boutique, et la boutique deviendrait une forêt miniature de la taille d'une boutique.

Si j'avais un peu plus de motivation et que je n'avais pas l'œil et les doigts aussi gourds, je redessinerais tous les dessins foireux que j'ai faits jusqu'à présent. Peut-être que je le ferai, d'ailleurs. Mais je sens que quelques années après, j'aurai de nouveau le même sentiment et que je devrai re-recommencer. Si je m'améliore effectivement à chaque fois, ça sera une bonne chose ! Mais une bonne chose frustrante.

Si je devais choisir le prochain gouvernement, je ne sais absolument pas qui je choisirais. Je crois que j'aurais envie de ne pas nommer des hommes politiques du tout.

Si j'étais fantôme, je voyagerais à bord d'un grand bateau fantôme avec tout le confort moderne et je passerais mon temps à lire et à dessiner plutôt que de diriger le bateau. Alors le bateau irait un peu n'importe où, il voguerait au hasard et au gré du vent. Il faudrait peut-être quelqu'un ou quelque chose pour éviter qu'il ne s'échoue. Ou alors je lâcherais l'ancre pour être tranquille, près d'une île inhabitée.

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